mercredi 27 novembre 2013

Potosi 25/11 - 27/11

Je quitte Oruro pour Potosi. Je vais effectuer ce voyage au coté d'une petite fille. Ce sera un échange de regards, d'observation, de sourires,de cache-cache pendant un moment. Elle est drôle et souriante, avec des bonnes joues, rougies voir brûlées par le soleil, typique de ces altitudes.


Une fois à Potosi, je vais à l’hôtel où je dois retrouver Kari et Javier. Pas de traces d'eux à la réception....je vais un peu me promener. A mon retour, je retrouve Nati! Déçue de son périple, elle a accéléré vers le sud!
Je retrouve finalement mes deux compagnons du Machu Picchu et nous allons dîner tous ensemble avec Nati! C'est amusant et sympa de les retrouver ici!

Potosi c'est toute une histoire! En espagnol, une expression dit "vale un potosi", "ça vaut un potosi", qui équivaut à l’expression en français "c'est (pas) le Pérou". Potosi a été fondé pour exploiter la mine il y a plus de 500 ans, et appartenait originellement à la région du haut-Pérou (doù l'expression française).

Mon livre de route de ce voyage est "les veines ouvertes de l’Amérique latine" d'Eduardo Galeano. Ce livre référence raconte la non-découverte du continent et les pillages qui suivirent par les puissances européennes et nord-américaines.

Potosi était LA mine de l’époque. Au 17e siècle, la ville était une des plus grande du monde, plus grande que Paris! On y extrayait de l'argent, qui permis notamment le développement des empires européens. Depuis ce temps, les montagnes environnantes n'ont cessées d’être trouées de partout pour y extraire des minerais précieux.

J'avais décidé d'y passer pour voir ce que un tel saccage de plusieurs siècles pouvait donner sur les plans sociaux, environnementaux et économiques.

Qu'y a-t-il à faire à Potosi? Visite de la ville coloniale et forcément visite d'une mine en activité!

Je savais que ces visites étaient proposées aux touristes. Payer pour aller voir des gens se tuer au boulot!!!! C'est possible ça? Je m'étais dit que je n'irais pas! Et puis, en apprenant que les mineurs géraient les visites, et que ces visites sont un complément de revenus pour les mineurs, je décide d'aller voir les entrailles de ces montagnes qui ont fondées ces empires coloniaux!

Je vais faire la visite avec Kari et Javier.

Une fois notre guide-ancien mineur retrouvé, nous allons nous équipé: bleu de travail, bottes et casque.


Ensuite, nous stoppons au marché des mineurs où se trouvent les boutiques vendant tout le nécessaire du mineur, et aussi tout ce que les touristes peuvent leurs descendre et offrir: boissons, feuilles de coca, alcool à 96%!! et bâtons de dynamites. Pas trop fan des explosifs, je vais prendre du soda et des feuilles de coca.

Une fois tous bien chargés, nous allons visiter une petite entreprise où sont les traitées les roches extraites.

Les roches sont broyées afin de devenir poussières.


Des paillettes d'argent sont déjà visibles.


Pour récupérer cet argent, on ajout de cyanure. J’imagine que les eaux ne sont pas traitées correctement et doivent polluées toutes les eaux du coin et cela depuis quelques siècles...!


J'interroge notre guide sur la nationalisation des mines. Effectivement, le président Evo Morales a tout nationaliser. 

Les mineurs sont organisés en coopératives. Ils sont auto-entrepreneurs. Ce statut leur permet d'échapper en quelque sorte au droit du travail... ils travaillent autant d'heures qu'ils le souhaitent, ou plutôt selon leurs besoins! Le travail est autorisé à partir de 18 ans ou 10 ans avec l'accord des parents...Concrètement , les enfants descendent à la mine pendant les vacances scolaires pour améliorer les revenus familiaux.


Ensuite, direction l'entrée la mine! J’appréhende un peu...


Rapidement, on nous nontre les minerais si recherchés scintillants dans la roche.


Pas loin de l'entrée se trouve "El Tio" à qui des offrandes sont faites pour qu'ils veille sur les mineurs...Les espagnols appelaient ce personnage "el diablo", le diable..pas étonnant, les croyances autochtones n'ont pas leur place encore une fois!


Pendant 2 heures, nous allons progresser dans ce dédale sous-terrain. C'est terrible! Il faut marcher à la lumière de la frontale, en se cognant, progressant accroupi parfois, sur un sol humide et glissant. Lorsqu'un wagon arrive, il faut vite rebrousser chemin pour trouver un "espace" où se coller contre la paroi pour laisser passer le wagon chargés poussés par les mineurs.
L'air est poussiéreux, soufré. Chaleur suffocante. Absence d'air. La mine est à 4000 mètres d'altitude!
Comment est ce possible de travailler ici dans ces conditions? Nous fatiguons juste à nous déplacer!
Les gars se déplacent parfois avec des sacs de 30 kg d'explosifs sur le dos, progressant accroupis, c'est dingue!
Parfois, résonnent des explosions! C'est angoissant d’être enterré ici!
Nous allons descendre jusqu'au 2 ème niveau.
Rencontres et discussions avec les mineurs à qui nous laissons les victuailles bien méritées. Ils restent plus de 10 heures sans remonter et sans manger. La mastication des feuilles de coca les aident un peu.
Nous allons chacun notre tour, pelleter un peu, aider à vider les bacs dans les wagons...c'est du délire!
En remontant, nous croisons aussi des femmes. Pas d'enfants.


Notre guide nous annonce 29 morts l'année passée. Les accidents sont nombreux. Les mineurs souffrent de maladies pulmonaires. Comment aujourd'hui cela est il encore possible!? Le Routard disait que cette "visite" c'était Germinal en direct...on y est bien je crois!

Je repense à l'histoire de ce continent, de cette ville, de cette montagne 'Cerro Rico", "la montagne riche". Voilà plus d'un demi millénaire que les empires coloniaux/néo-coloniaux font perforés cette montagne. 7 à 8 millions d'esclaves indigènes puis africains (amenés pour combler les pertes!) morts pendant l'époque coloniale! Et aujourd'hui les conditions de travail sont celle d'un autre siècle et les mineurs et leurs familles survivent ici. Tels est le lourd prix à payer des populations pour que dans les pays riches notre confort soit. Toutes ces ordures de gouvernement, de financiers, de dirigeants mériteraient bien de rester enterrés ici! Un dégoût profond m’envahit. Dur à exprimer.
 
Les filons de minerais se font rares...la montagne est de plus en plus  trouée, ce qui la fragilise et provoque de nouveaux effondrements. Dans 2 à 5 ans se sera fini. La mine va fermer.

Que va t il se passer alors ici à Potosi!? Morales a promis un développement touristique pour compenser. Les mineurs n'y croient pas. Certains s'en vont déjà travailler dans les mines du nord chilien.

Moi, je me dis que c'est l'annonce d'un drame social! Quelle est encore la situation aujourd'hui dans le nord de la France, ancienne région minière ou au Pays de Galles après la fermeture des mines? Et la Bolivie n'est pas riche comme ces pays...


Tous marqués par la visite je pense, nous rentrons à l’hôtel pour une bonne douche. Dernier repas tous ensemble bien sympa sachant que le lendemain nos chemins se séparent à nouveau. Kari et Javier, accompagné de Nati vont vers le salar d'Uyuni. Moi j'hésite à les suivre, mais j'ai prévu faire Sucre avant...


Nous faisons une visite de la ville ensemble "à la japonaise"! Je me spécialise dans les balcons et Kari, lui c'est les portes! Traces de l'époque coloniale.








Je quitte mes compagnons. On espère se retrouver en Écosse, en Suisse, en France ou ailleurs! Je vais ensuite visiter la "Casa de la Moneda". Ici, étaient frappés la monnaie des Amériques, où se tuaient à la taches des esclaves africains.


Avant mon départ pour Sucre, je mange dans un petit resto où je trouve une des spécialité: k'arapulca, c'est une soupe épaisse à la farine de maïs dans laquelle on immerge une pierre chaude pour garder à température!


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